L’eau, un enjeu pour l’avenir de la Bretagne

Face aux défis liés au changement climatique, à la demande croissante et à la nécessité de préserver la qualité de l’eau, la gestion équilibrée de la ressource devient de plus en plus cruciale.

Dans cet article, certaines particularités du territoire sont détaillées, puis une évaluation des ressources et des usages est réalisée afin d’aborder les mesures concrètes mises en œuvre en vue d’assurer la pérennité de la ressource.

  • A) L’influence du domaine maritime

    La Bretagne abrite la moitié du linéaire côtier métropolitain, soit 2 730 km sur un total de 5 500 km. Ses côtes sont associées aux plus fortes marées d’Europe, atteignant des marnages jusqu’à 14 m en baie du Mont Saint-Michel. L’interface entre l’eau salée et l’eau douce continentale impose des contraintes sur la gestion de cette dernière. En effet, les eaux salines peuvent infiltrer les réservoirs d’eau douce et les environnements aquatiques terrestres, engendrant des perturbations notamment pour la production d’eau potable. Les secteurs potentiellement vulnérables aux intrusions salines sont présentés dans la carte suivante.

    Pour en savoir plus :
    https://sigesbre.brgm.fr/Nouveau-Cartographie-des-secteurs-potentiellement.html
    https://sigesbre.brgm.fr/IMG/pdf/plaquette_forage_littoral_bretagne_2022.pdf

    B) Le sous-sol Breton

    En Bretagne, la plupart des roches présentes sont d’origine magmatique (granitique) ou métamorphique (schisteuse).

    Ainsi, le sol breton repose sur un socle de roches dures, longtemps considérées comme peu poreuses et réputées pour contenir très peu d’eau. Au fils des décennies et des avancées scientifiques, il est désormais établi qu’il existe de l’eau souterraine en quantité variable dans toute la Bretagne. Les aquifères bretons sont dits « des aquifères de socles » ou encore « des aquifères fracturés hétérogènes », ils renferment davantage d’eau dans les zones d’altération que dans leurs pores. Les nappes d’eau souterraines se rechargent grâce aux précipitations arrivant sur le sol, puis l’eau s’infiltre et fraie son chemin depuis la surface vers les profondeurs en empruntant des passages facilités, principalement au sein des zones l’altération.

    Le sous-sol breton favorise le ruissellement de l’eau de surface, créant un réseau hydrographique dense, avec environ 30 000 km de ruisseaux.

    C’est pourquoi, en Bretagne, les prélèvements pour l’approvisionnement en eau potable se font majoritairement dans les eaux de surface (rivières, retenues).

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    Répartition des prélèvements - niveau national
    RessourcePart
    Eau superficielle 36
    Eau souterraine 64

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    Répartition des prélèvements - niveau Bretagne
    RessourcePart
    Eau superficielle 75
    Eau souterraine 25

    Pour en savoir plus :
    ARS, Soif de santé, "Qualité des eaux destinées à la consommation humaine en Bretagne", Bilan 2021, Edition 2022 : https://www.bretagne.ars.sante.fr/soif-de-sante-edition-2022-lessentiel-sur-leau-potable-en-bretagne.
    BOULVAIS Philippe. 2019. Terre de Granite, Les Œuvres vives.
    BRGM, Dossier de presse, « Les Eaux souterraines en Bretagne » : https://bretagne-environnement.fr/sites/default/files/Livrecc2005_6leschiffresdeleau.pdf

    C) Un gradient pluviométrique

    La Bretagne possède un climat océanique, caractérisé par des températures douces et une pluviométrie relativement abondante. Il existe un gradient d’est en ouest des précipitations en Bretagne. La ville de Brest est localisée à l’extrême ouest et essuie en moyenne 1 231 mm de pluie par an, tandis que Rennes, ville à l’est, enregistre en moyenne 674 mm de pluie par an. Il pleut donc en moyenne, deux fois plus à Brest qu’à Rennes.

    Pour en savoir plus :
    [https://bretagne-environnement.fr/climat-changement-climatique-bretagne→https://bretagne-environnement.fr/climat-changement-climatique-bretagne-article# : :text=La%20Bretagne%20bénéficie%20d’un,%2Douest%20ou%20nord%2Dest]article# : :text=La%20Bretagne%20b%C3%A9n%C3%A9ficie%20d’un,%2Douest%20ou%20nord%2Dest.
    https://meteofrance.com/comprendre-climat/france/le-climat-en-france-metropolitaine# : :text=Le%20climat%20oc%C3%A9anique%20est%20caract%C3%A9ris%C3%A9,maximum%20d’octobre%20%C3%A0%20f%C3%A9vrier.

    D) Une attractivité du territoire

    - Les touristes et résidents non permanents

    La période estivale conjugue à la fois une forte hausse de la population sur les zones côtières et une pluviométrie plus faible, impactant directement la disponibilité de la ressource en eau. Ce phénomène est d’autant plus marqué ces dernières années du fait du réchauffement climatique et des épisodes de sécheresse.

    L’augmentation de population ainsi que la raréfaction de la ressource pendant l’été peuvent entraîner des difficultés en matière d’approvisionnement en eau potable.

    - Les nouveaux résidents permanents

    La Bretagne connaît également ces dernières années une augmentation du nombre de résidents permanents, témoignant de son attractivité croissante. Selon les estimations de l’INSEE, la population pourrait passer de 3,3 à 3,6 millions d’habitants d’ici à 2070.

    En somme, le besoin en eau potable tend à augmenter avec la venue de nouveaux résidents permanents.

    Pour en savoir plus :
    https://www.insee.fr/fr/statistiques/6665813

  • Une étude régionale financée par la DREAL Bretagne et élaborée par la société Compagnie d’Aménagement des Coteaux de Gascogne (CACG) en 2021 s’est intéressée à la gestion quantitative de la ressource en eau dans la région. L’étude, menée par des experts du domaine, visait à évaluer la disponibilité de la ressource en eau au regard des ressources disponibles et des pressions de prélèvements des différents usages.

    Pour en savoir plus :
    https://www.bretagne.developpement-durable.gouv.fr/etude-regionale-concernant-la-gestion-quantitative-a4902.html

    A) Les ressources

    Les précipitations abondantes associées au contexte géologique de la Bretagne favorisent l’écoulement de l’eau de surface, formant ainsi un réseau hydrographique dense, composé d’environ 30 000 kilomètres de cours d’eau.

    C’est pourquoi, en Bretagne, les prélèvements pour l’approvisionnement en eau potable se font majoritairement dans les eaux de surface (rivières, barrages, retenues).
    La carte ci-dessous présente l’ensemble des points de captages et points de prélèvements associés à de l’alimentation en eau potable : même si on observe une grande multitude de prélèvements en eau souterraine,les volumes associés aux prélèvements en eau superficiels sont beaucoup plus importants : ainsi, les 5 grandes retenues identifiées sur la carte alimentent près de 25 % de la population bretonne en eau potable.

    B) Les prélèvements par usages de l’eau

    Les usages de l’eau en Bretagne sont diversifiés et englobent différentes sphères de la vie quotidienne ainsi que des secteurs économiques clés (notamment les industries agro-alimentaires) : les principaux usages associés à l’utilisation de l’eau dans la région comprennent la fourniture d’eau potable, l’abreuvement des animaux d’élevage, l’irrigation agricole et les besoins industriels.

    Il apparaît que plus de 70 % de l’eau brute prélevée sur le territoire est utilisée pour répondre aux besoins en eau potable. Toutefois, plus de 50 % du prélèvement initial est restitué à l’environnement après passage en station d’épuration (STEP).

    Le secteur de l’agriculture est le second consommateur d’eau à l’échelle de la Bretagne, avec près de 20 % du volume brut prélevé et un taux de retour au milieu considéré comme nul. L’usage d’irrigation agricole dépend des conditions climatiques et comporte de fortes variations d’une année à l’autre : les consommations peuvent varier notablement d’une année sèche à une année humide.

    Le prélèvement brut du secteur de l’industrie s’élève aux alentours de 9 %, avec près des deux tiers de l’eau restituée au milieu.

    Part des volumes bruts prélevés en Bretagne par ordre de grandeur (en millions de m3)

    Etude CACG 2021 - DREAL Bretagne

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    Volumes bruts prélevés par usage
    UsageVolume
    Eau potable 240
    Abreuvement 45
    Irrigation 21
    Industrie 29

    Part des volumes restitués au milieu en Bretagne par ordre de grandeur (en millions de m³)

    Etude CACG 2021 – DREAL Bretagne

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    Volumes restitués au milieu
    UsagesVolume
    Stations d'épuration 125
    Industrie 20

    Part des volumes nets prélevés en Bretagne par ordre de grandeur (en millions de m³)

    Etude CACG 2021 - DREAL Bretagne

    Télécharger les données du graphique au format :  csv  xls

    Volumes nets prélevés par usage
    UsagesVolumes
    Eau potable 115
    Abreuvement 45
    irrigation 21
    Industrie 9
    |

    L’étude CACG de 2021 permet d’apprécier la quantité d’eau brute prélevée, correspondant au volume d’eau prélevé sans prise en compte de la fraction retournée au milieu. Les volumes nets correspondent à la quantité réelle d’eau retirée de l’environnement, obtenue par différence entre les volumes bruts prélevés et les volumes restitués au milieu, par les rejets de stations d’épuration notamment. Les pourcentages sont calculés à titre indicatif et en ordres de grandeurs, afin d’apprécier la répartition globale entre les usages.

    C) Les volumes disponibles

    Les données recueillies ont permis la création de deux cartes distinctes, couvrant deux périodes hydrologiques différentes : l’hiver et la saison d’étiage (été).

    Ainsi, en été, les quantités disponibles sont fortement restreintes sur l’ensemble du territoire breton. Cette limitation persiste également en hiver sur certains secteurs, notamment l’Est de la région et de nombreux bassins versants côtiers.

  • Pour atteindre cet objectif de préservation de la ressource, il est nécessaire
    • A. d’organiser et de structurer la gouvernance autour de l’eau en y intégrant tous les acteurs du territoire,
    • B. d’améliorer la connaissance autour des prélèvements et des ressources, à l’appui d’études déclinées à l’échelle des SAGE,
    • C. de planifier les actions à mettre en œuvre

    A) La gouvernance autour de la ressource en eau :

    La gouvernance de l’eau s’appuie à l’échelle de la Bretagne sur :

    • les Schémas d’Aménagement et de Gestion des eaux : déclinaison locale à l’échelle d’un territoire du SDAGE – l’intégralité du territoire breton est couvert par un SAGE
    • les Schémas Départementaux d’Alimentation en Eau Potable (SDAEP)
    • les Comités de Gestion de la Ressource en Eau (CGRE) : ces comités réunis sous l’égide du préfet de département prennent des décisions de gestion de la ressource en eau en anticipation ou en période de crise sécheresse

    B) La connaissance des prélèvements et des ressources :

    Le SDAGE Loire-Bretagne fixe les orientations fondamentales et les dispositions permettant la mise en place de la gestion équilibrée et durable de la ressource en eau, conformément à l’article L212-1 du Code de l’Environnement, et confie aux SAGE, le soin de décliner localement ses dispositions au moyen d’études Hydrologie, Milieux, Usages et Climat « HMUC ».

    Depuis 2021, plusieurs études « HMUC » ont été initiées en Bretagne. Leurs conclusions permettront de définir des volumes prélevables et d’assurer une répartition des prélèvements en eau par type d’usages.

    Etat d’avancement des études HMUC au 1er novembre 2023

    D’autres projets sont en cours pour apporter une meilleure connaissance de l’état des ressources en eau en vue de prévenir d’éventuels déficits à venir :

    - outil MétéEAU Nappes : outil de suivi en temps réel et de prévision du niveau des nappes – BRGM

    - projet CYDRE, visant à développer un outil pour la prévision saisonnière des débits de cours d’eau à destination des gestionnaires de bassins versants à l’échelle de la Bretagne – CNRS, BRGM, Creseb

    Attention ! La connaissance de l’ensemble des prélèvements existants reste aujourd’hui encore lacunaire et difficilement quantifiable pour certains usages !

    C) Les outils de planification :

    La sécheresse 2022 a été un élément déterminant pour la prise en compte de la problématique de la gestion quantitative de la ressource en eau à l’échelle nationale et également à l’échelle bretonne.

    De nombreux outils de planification sont mis en place :

    • Plan National Eau : ce plan s’articule autour de 3 axes : sobriété des usages et pour tous les acteurs, optimisation de la disponibilité de la ressource et préservation de la qualité et restauration des écosystèmes. Des moyens financiers pour atteindre ces objectifs sont également mis en place.
    • Plan de Résilience de l’agence de l’eau

    Les documents d’urbanisme (SRADDET, SCOT et PLU) sont également des outils de politique d’aménagement dans lesquels la ressource en eau doit être pris en compte.

    L’objectif de toutes ces actions est d’optimiser l’utilisation de la ressource en eau et d’atteindre un objectif de réduction des prélèvements en eau de 10 % à l’horizon 2030 (axe 1 du plan national Eau).

    Au quotidien et à l’échelle individuelle, chacun peut y contribuer à son niveau en adoptant des habitudes simples. Https ://vigieau.gouv.fr



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