Étude sur les emplois et compétences de la méthanisation (phase 1)

La filière méthanisation agricole est en plein développement en France. Si la région Bretagne ne compte à ce jour qu’une cinquantaine d’unités de méthanisation agricole, la dynamique actuelle et le gisement breton en substrats agricoles méthanisables permettent d’envisager un déploiement important et amplifié sur le territoire. Ce développement devrait ainsi s’accompagner de forts besoins en recrutement tout particulièrement sur les métiers de l’exploitation, de l’entretien et de la maintenance, à l’instar des autres énergies renouvelables où un tel constat a pu être relevé (cf : éolien terrestre). Les entreprises de ce secteur peinent déjà à recruter, ne trouvant pas sur le marché du travail les compétences adéquates pour exercer ces métiers. L’étude financée par DREAL Bretagne, et réalisée conjointement par l’Association d’Initiatives Locales pour l’Énergie et l’Environnement (AILE) et la Chambre Régionale d’Agriculture de Bretagne, s’est donc fixée pour objectif de définir clairement les besoins de ces entreprises à court et moyen terme sur ce domaine d’activité afin d’anticiper des actions en matière d’accompagnement et de formation professionnelle. Un focus spécifique a par ailleurs été mené sur le curage des installations, la France ne disposant pas des compétences et outils spécifiques pour réaliser ce type de prestations.

Il convient de noter que cette étude s’inscrit dans la cadre de l’AAP du CGDD sur l’accompagnement de projets innovants dans le champ de l’économie verte à laquelle la DREAL Bretagne a été lauréate, et s’attache plus particulièrement à déployer le kit méthodologique d’accompagnement des transitions professionnelles des filières impactées par la transition énergétique et écologique, élaboré conjointement par le ministère de la transition écologique et solidaire et le ministère du travail.

Synthèse de l’étude et propositions :

-  Des besoins d’emplois importants de techniciens de maintenance

Compte tenu du développement de la méthanisation, ce secteur d’activité devrait créer un nombre relativement important d’emplois, notamment pour la construction et de plus en plus sur le secteur de la maintenance des installations. Plusieurs dizaines d’emplois sont disponibles ou attendus à court termes (2 à 3 ans) pour le grand ouest où de fortes difficultés de recrutement sont signalées par les entreprises.

Il s’agit de postes de technicien de mise en service et démarrage d’installation, technicien d’exploitation d’une unité de méthanisation, responsable de site méthanisation. Les conditions de travail (milieu extérieur, astreintes, déplacement fréquents…) constituent cependant un frein au recrutement, alors même que les niveaux de salaires proposés sont plutôt élevés, y compris pour des débutants (à partir de 1600 € net/mois sans prime d’astreinte). Concernant l’entretien spécifique que constitue le curage (total ou partiel) des ouvrages, il apparaît que l’enjeu de cette activité en termes d’emploi est relativement minime à court et moyen terme.

Trois fiches métiers ont ainsi été rédigées pour illustrer le poste de

, et .

- La Problématique du curage

Cette problématique, génère de nombreuses questions et la recherche de solutions correspond à une réelle attente des méthaniseurs qui ont démarré leur installation depuis quelques années. Il ressort de l’analyse que deux grands types de solutions techniques répondent au mieux, dans la majorité des solutions, aux attentes des gestionnaires d’unités de méthanisation :

- pour un curage total : une solution mécanique combinant mini-chargeur dans l’ouvrage, bennes et grue de levage. Cette opération prend plusieurs jours (4 à 8 jours) et nécessite qu’une personne intervienne dans l’ouvrage en conditions difficiles et potentiellement à risque. A noter que les équipements sont disponibles en location dans la région.

- pour un curage préventif : cette solution consiste à utiliser un camion (aspirateur) équipé d’un bras spécialement conçu pour aller directement extraire les sédiments, sans intervention humaine dans l’ouvrage. Ce type de solution convient particulièrement pour un curage partiel (extraction du « plus gros » des sédiments) et peut se faire en temps limité (2 à 3 jours). Il n’existe toutefois pas en France d’entreprise équipée de matériel capable d’intervenir de la sorte dans des grands ouvrages. Ce sont effectivement des matériels très onéreux (entre 500 et 800K€).

Par ailleurs, quelle soit la solution technique de curage envisagée, l’intervention nécessite une organisation importante, anticipée en prenant en compte toutes les mesures de prévention des risques. Trois modes d’organisation peuvent être distingués, impliquant pour chacun des responsabilités ou des coûts différenciés :

- une solution clé en main proposée par un prestataire de service habilité
- opération organisée par l’unité de méthanisation
- opération organisée par l’unité de méthanisation mais associant plusieurs entreprises


L’étude s’est enfin interrogée sur la pertinence économique de mettre en place une organisation collective de type CUMA pour réaliser cette prestation de curage plutôt que de recourir à une entreprise privée. Il reste toutefois difficile trancher sur cette question puisque les deux modèles présentent chacun des avantages et des inconvénients. Ce sujet sera donc prochainement présenté aux méthaniseurs du réseau AAMF (Association des Agriculteurs Méthaniseurs de France)

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La DREAL et DIRECCTE Bretagne ont souhaité poursuivre le travail engagé lors de cette première étude et ont demandé à l’AFPA de réaliser un focus sur les parcours de professionnalisation pour l’acquisition de ces compétences spécifiques. Il s’agira ainsi d’obtenir une représentation précise des formations existantes en lien avec la méthanisation sur les régions Bretagne, Pays de Loire et Normandie pour les activités d’exploitation d’entretien et de maintenance mais également de mettre en évidence les passerelles possibles entre les métiers industriels et les métiers émergents de la filière méthanisation ainsi que d’identifier des dispositifs d’accompagnement permettant d’accompagner ces transitions professionnelles.

Retrouvez l’étude complète (33 pages) :

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